Les projets de transition environnementale des entreprises se heurtent fréquemment à de multiples écueils que Zeus & Gaïa a identifiés. Pour les éviter, gagner du temps et avoir plus d’impact, nous sommes convaincus qu’il faut décloisonner les expertises.

La décision du Tribunal Administratif de Paris dans l’Affaire du Siècle a été présentée dans les médias internationaux comme une décision historique et inspirante pour d’autres juridictions. De la même manière, les entreprises françaises ont un rôle à jouer en inventant un modèle de croissance décarboné et circulaire, pouvant être exporté. C’est déjà le cas de grandes entreprises françaises comme Schneider Electric ou Lafarge Holcim.

Pour réussir vite et bien cette transformation environnementale, les équipes qui sont en charge de coordonner les programmes de décarbonation ont trois écueils à éviter. Des risques que nous observons au quotidien, dans notre travail d’accompagnement et de conseil.

Premier écueil : réinventer la roue alors que des solutions ont déjà fait la preuve de leur efficacité ailleurs.


Un exemple dans le retail. Pour les grands distributeurs, la mobilisation de leurs fournisseurs est clé pour réduire leur empreinte carbone (ceux-ci représentant près de 90% de l’empreinte carbone d’un distributeur). Les distributeurs anglais et américains sont en avance par rapport aux distributeurs français. Cela fait plusieurs années que Walmart a évalué ses émissions sur son Scope 3 *. Pour faire sauter le pas aux distributeurs français, il faut donc comprendre comment ils ont réussi concrètement à mobiliser les fournisseurs et les erreurs qu’ils ont commises.

Second écueil : les « fausses bonnes idées ».


Les fausses bonnes idées peuvent laisser penser que telle solution permettra de réduire l’empreinte carbone alors qu’elle n’y changera rien, ou pire, qu’elle l’exportera ailleurs. Elles sont souvent liées à des approximations ou à un manque de temps et de moyens.

Exemple : les effets rebonds du co-voiturage.

Pour réduire les émissions de CO2 des trajets des collaborateurs, beaucoup d’entreprises promeuvent le co-voiturage. Or, le co-voiturage baisse peu l’usage de la voiture. Certains collaborateurs qui avaient pour habitude de prendre les transports en commun, s’habituent donc peu à peu à utiliser la voiture pour leurs trajets. Sur ce sujet, des travaux de recherche ont d’ores-et-déjà démontré ces effets par des expérimentations concrètes.

Analyser l’état de l’art académique et les travaux de recherche rigoureux et indépendants peut contribuer à ne pas investir inutilement dans des projets, qu’il faudra ensuite détricoter.

Troisième écueil : tout miser sur les technologies et oublier de travailler sur l’évolution des usages.


L’exemple le plus illustre concerne les rénovations énergétiques.

Elles représentent pour la France un des plus importants gisements de gains d’émissions de CO2. Des projets de rénovations énergétiques avec des matériaux sophistiqués voient le jour. De nouveaux équipements moins énergivores et des systèmes intelligents de régulation du chauffage sont mis au point. Néanmoins, toutes ces initiatives sont insuffisantes pour amorcer une baisse significative de la consommation d’énergie, si personne ne se préoccupe de transformer les usages des occupants. En effet, les ménages ont globalement tendance à augmenter en permanence leur confort et donc la température de leurs logements.

Pour éviter ces trois écueils, il est urgent d’aller chercher les vraies expertises là où elles se trouvent.


Toutes les expertises pour mettre en œuvre un modèle décarboné et circulaire existent. Mais elles sont éparpillées, en France ou ailleurs, et encore rares pour certaines. Et parfois absentes des entreprises.

Plus que jamais, il est possible de trouver ces expertises où qu’elles se trouvent, en s’appuyant sur :

  • La multiplicité de bases de recherches scientifiques (Sciencedirect, Researchgate, Googlescholar…),
  • Les reporting environnementaux des entreprises du Climate Disclosure Project,
  • Les réseaux sociaux qui permettent de rentrer en contact,
  • La volonté certaine d’engagement de professionnels du monde entier pour mettre en place un nouveau modèle économique, aligné avec des objectifs de réchauffement de 2°C.

La réussite de la transition environnementale passera par le décloisonnement des compétences et des disciplines. Nous n’avons plus le temps de réinventer la roue. Recyclons les connaissances déjà acquises !

 

*émissions de CO2 de ses fournisseurs et des fournisseurs de ceux-ci